La situation économique palestinienne connaît un effondrement catastrophique depuis le déclenchement de l’agression israélienne, le 7 octobre 2023, contre la Bande de Gaza, et ses répercussions sur la Cisjordanie. Selon les dernières estimations du Centre palestinien des statistiques, l’économie palestinienne a enregistré une forte baisse d’un tiers par rapport à ce qu’elle était avant l’agression ; la politique de la puissance occupante étant fondée sur l’imposition d’une nouvelle réalité, en usant des instruments du génocide et de la politique de la terre brûlée, pour mettre un terme à la présence palestinienne dans l’ensemble du territoire occupé et réaliser ainsi ses ambitions expansionnistes. 

Selon l’Observatoire des médias de l’OCI pour les crimes d’Israël contre les Palestiniens, parmi ces instruments figure notamment l’asphyxie économique des Palestiniens, en plongeant leur économie dans des crises successives aux fins de l’affaiblir et de l’anéantir. Ceci outre le blocage du versement des recettes fiscales dues à l’Autorité nationale palestinienne afin de l’empêcher de payer les rémunérations de ses employés et la suspension de la délivrance des permis aux travailleurs palestiniens et leur remplacement par d’autres nationalités, en plus du durcissement des restrictions imposées aux échanges commerciaux et de l’interdiction de la liberté de circulation des Palestiniens, à travers les points de contrôle et le mur d’apartheid.

Contexte économique général :

Selon un rapport de la Banque mondiale, publié en décembre de l’année écoulée, les crises connues par les secteurs vitaux ont entraîné une contraction économique de 23% en Cisjordanie, au cours du premier semestre 2024, par rapport à la même période de l’année précédente. Au cours de cette période, les secteurs du commerce et des services, considérés comme étant les principaux catalyseurs de la croissance en Cisjordanie, ont régressé respectivement de 22% et de 23%. Quant aux secteurs de la construction et de la fabrication, ils ont essuyé les plus fortes baisses, avec une récession respective de 42% et de 30%. 

D’autre part, et selon les données du Ministère palestinien des Finances, les déductions israéliennes sur les fonds de compensation, sous l’appellation d’allocations à la Bande de Gaza, se sont élevées à 2,83 milliards de shekels (797 millions de dollars américains), depuis le début de la guerre contre la Bande de Gaza, le 7 octobre 2023 et jusqu’au mois d’août 2024, avec une moyenne de 257 millions de shekels par mois (72 millions de dollarsaméricains). En effet, Israël déduit ces fonds à titre de mesure punitive pour le refus de l’autorité nationale palestinienne de suspendre le versement des allocations à la Bande de Gaza, en particulier les salaires des employés du Gouvernement, au premier rang desquels figurent les personnels de la santé et de l’éducation. Au total, environ 7 milliards de shekels (1,97 milliard de dollars américains) de fonds de compensation sont retenus par la puissance occupante. Ces fonds consistent en les recettes fiscales, les taxes et droits de douane imposés sur les biens et marchandises importés en Palestine, ou via Israël, les points de passage et lesfrontières, conformément à l’Accord d’Oslo, et qui sont collectés mensuellement par le personnel du Ministère israélien des Finances pour le compte de l’Autorité palestinienne, avant d’être transférer au Ministère des Finances et à la Trésorerie de la Palestine.

Situation économique des travailleurs palestiniens :

En ce qui concerne la situation de la main-d’œuvre palestinienne en Israël, la puissance occupante, a commencé à imposer des mesures de rétorsion depuis le déclenchement de l’agression, dont la plus saillante aura été la réduction du nombre total de la main-d’œuvre de 177000 à seulement 27000, comme indiqué dans le rapport de la Banque mondiale. Cela a conduit à la hausse du chômage dans la Bande de Gaza (80%) et en Cisjordanie (35%), entraînant par conséquent une augmentation sans précédent du taux de chômage moyen dans l’ensemble de la Palestine, qui s’est élevé à 51%, selon le dernier rapport du Centre palestinien des Statistiques. A cet égard, la Ministre palestinienne du Travail, Dr. Inas Al-Attari a déclaré que les licenciements de travailleurs palestiniens du marché du travail israélien avaient eu un impact néfaste sur l’économie palestinienne, dès lors qu’ils ont provoqué une perte de flux financiers mensuels d’environ 1,5 milliard de shekels (423 millions de dollars américains).

Dans un autre contexte, le Palestinian Policy Network, a publié un rapport sous le titre :« L’exploitation par Israël de la main-dœuvre palestinienne Une stratégie qui efface lexistence », dans lequel il a indiqué que le régime d’occupation a adopté quatre démarches essentielles pour ancrer la dépendance de la main-d’œuvre palestinienne. Il s’agissait en l’occurrence d’employer des travailleurs palestiniens dans des emplois à bas salaires etuniquement en cas de besoin, afin de remédier au manque de la main-d’œuvre sur le marché israélien, et de se concentrer ensuite sur l’emploi de Palestiniens dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et de la construction, de manière à provoquer une pénurie de main-d’œuvre en Palestine ; ces secteurs étant indispensables pour l’autosuffisance économique. La troisième démarche aura été l’extension de la construction de colonies illégales en Cisjordanie, afin qu’Israël puisse développer son économie et entraîner en même temps la contraction de l’économie palestinienne par la saisie des terres. Quant à la quatrième démarche, elle consistait en le retrait du permis de travail, une fois que le besoin du travailleur palestinien disparaissait ou que l’occupant désirait imposer une punition collective à la population autochtone, contraignant ainsi les travailleurs à regagner les secteurs palestiniens qui avaient été à l’origine surexploités par l’occupation grâce aux méthodes susmentionnées, avant de les remplacer une énième fois par des travailleurs étrangers.

Les barrières israéliennes :

Les sanctions collectives israéliennes ne se sont pas limitées aux dommages directs causés à l’économie palestinienne. Selon le rapport du Bureau de coordination humanitaire (OCHA), il existe 793 points de contrôle et d’obstacles qui contrôlent la circulation des Palestiniens en Cisjordanie. Ces obstacles comprennent 89 barrages avec présence d’un personnel de sécurité24 heures sur 24 ; 149 barrages partiellement contrôlés par un personnel de sécurité (dont 46 sont dotés de barrières) ; 158 amas de terre ; 196 barrages routiers (dont 122 sont généralement fermées) ; 104 blocs de béton et 97 fermetures de passage d’une ou de plusieurs routes, telles que des barrages routiers, des murs de terre et des fossés. Au moins 40% (316 sur 793) des obstacles à la circulation empêchent l’accès direct entre les villes et villages palestiniens, où il y a en moyenne près d’une fermeture par kilomètre. Ces obstacles oriententle trafic palestinien vers des réseaux routiers secondaires plus longs, perturbant les déplacements de centaines de milliers de Palestiniens et affectant négativement leur vie quotidienne. 

Il convient de mentionner que 85% du mur de séparation passe à l’intérieur de la Cisjordanie, ce qui entrave l’accès à Al-Qods occupée et à la soi-disant « zone de jointure » située entre le mur et la ligne d’armistice de 1949. Malgré la difficulté d’accès aux terres agricoles, où 150 communautés possèdent des terres isolées par le mur et dont l’accès était auparavant organisé par les forces israéliennes via les 69 points de passage agricoles, celles-ci ont généralement été empêchées de travailler sur leurs terres depuis octobre 2023, ce qui a entraîné d’importantes pertes de revenus, notamment des oliveraies et d’autres cultures saisonnières.

Ainsi, il est évident qu’Israël, la puissance occupante, s’efforce de liquider la présence palestinienne par tous les moyens, en pratiquant la politique de la terre brûlée, ce qui rejoint la conclusion établie par la Rapporteuse indépendante des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé, Mme. Francesca Albanese, dans son rapport soumis à l’Assemblée Générale, en octobre 2024, dans laquelle elle a indiqué : « La finalité première de l’État d’Israël est d’anéantir les Palestiniens et tout leur système politique est dirigé vers la réalisation de cet objectif. »